Le cliché du gamer solitaire enfermé dans sa chambre ? Il semble appartenir au passé. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec plus de 38 millions de joueurs en France, le gaming est devenu un loisir de masse qui traverse toutes les générations. Plus surprenant encore, le profil moyen du joueur a 39 ans, pratique du sport régulièrement et dispose d’une vie sociale bien remplie. Il est vrai que le Covid a révélé au grand jour ce que les joueurs savaient déjà : le gaming sert d’antidote à l’isolement plutôt que de le créer. Aujourd’hui, comprendre le succès du jeu vidéo, c’est saisir les dynamiques sociales qui structurent ce secteur ces dernières années.
Du jeu solitaire aux espaces de socialisation
Comment le jeu crée-t-il concrètement du lien social au quotidien ? La réponse tient au fait que le gaming lui-même est devenu un réseau social à part entière. On y échange, on y retrouve des amis, on y passe du temps ensemble, même sans jouer activement. Ici, la dimension dépasse largement le simple fait de terminer un niveau ou de gagner une partie.
Les casinos en ligne illustrent assez bien cette mutation. Pour ceux qui découvrent le sujet, il s’agit de plateformes web ou mobile proposant les mêmes jeux qu’un casino physique “de briques et de mortier” : les tables de poker et de blackjack, la roulette et quantité de machines à sous.
On y joue depuis chez soi, avec de l’argent réel déposé par divers moyens : carte bancaire, virement, cryptomonnaies comme Bitcoin et Ethereum et très souvent PayPal. L’utilisation de PayPal dans les jeux a augmenté, car de nombreuses banques restent frileuses et voient d’un mauvais œil les dépôts et retraits d’argent en lien avec ces plateformes de divertissement.
La dimension sociale surprend dans un univers qu’on imaginerait solitaire. Sur les tables de poker en direct, vous affrontez de vrais joueurs, des quatre coins de l’Europe, tout en échangeant via un chat intégré. Les tournois du samedi soir rassemblent régulièrement 200 à 300 participants pour des buy-ins de 15 à 20€. D’ailleurs, certains streamers sur Twitch, comme Roshtein avec ses 1,3 millions d’abonnés, commentent leurs sessions de jeux sur les casinos en direct.
Quand les communautés virtuelles deviennent plus réelles que nature
Ce qui est frappant aussi, c’est la dimension multigénérationnelle que prend le gaming. Les cadres dans la quarantaine, première génération ayant grandi avec les titres Mario et Zelda… jouent désormais avec des joueurs plus jeunes aux mêmes jeux, souvent en ligne.
Une statistique assez édifiante sur cette transformation : un joueur sur deux se fait aujourd’hui des amis via les jeux en ligne (Médiamétrie, 2021). Le gaming créerait-il du lien social de manière aussi naturelle qu’un terrain de foot ou un club de sport ? Oui, et ces interactions ponctuelles ne constituent même que la partie visible. Le gaming fabrique aussi des communautés durables qui débordent largement du cadre du jeu lui-même.
Pour autant, est-ce que les amitiés créées en jouant sont de “vraies” amitiés ? Cette question revient souvent chez ceux qui n’ont jamais touché une manette. La réponse est simple : oui, aussi authentiques que n’importe quelle autre. Et les chiffres le prouvent : 57% des joueurs ont déjà rencontré des membres de leur communauté gaming en personne. Ce n’est plus de la théorie, c’est du concret!
Discord s’impose comme le pilier de cette socialisation. La plateforme compte plus de 150 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Mais ce qui fait sa force, c’est qu’elle fonctionne comme un véritable lieu de vie sociale. On y discute toute la journée de sujets qui n’ont rien à voir avec le jeu : actualité, séries télé, problèmes personnels, blagues entre amis, etc.
Les streamers français amplifient le phénomène communautaire Discord. Squeezie (18 millions d’abonnés YouTube), Zerator, Locklear créent des communautés extrêmement soudées. Les viewers se connaissent entre eux, se retrouvent sur Discord, organisent des événements. Rappelons la belle surprise du ZEvent 2023, orchestré par Zerator, qui a récolté 10,1 millions d’euros en 50 heures de stream caritatif. Cette cohésion n’a rien à envier aux supporters du PSG ou de l’OM !
Preuve ultime de cette importance sociale : les institutions s’y intéressent sérieusement. La Gendarmerie nationale était présente pour la troisième fois à la Paris Games Week 2024, avec un jeu créé dans Fortnite pour toucher le public sur la prévention cyber. La Police nationale y a également fait son entrée, cherchant à recruter et sensibiliser. Quand les forces de l’ordre considèrent le gaming comme un espace social incontournable pour toucher les citoyens, c’est que le phénomène a dépassé le stade du simple loisir…
