ProtonVPN : Présentation complète du géant de la sécurité suisse

Quand on commence à s’intéresser sérieusement à sa vie privée en ligne, un nom finit toujours par revenir dans les discussions : ProtonVPN. Vous avez sans doute déjà entendu parler de Proton Mail, ce service de messagerie chiffrée utilisé par les journalistes et les activistes du monde entier. Eh bien, ProtonVPN, c’est leur solution pour sécuriser votre connexion internet globale. Mais au-delà de l’étiquette « made in Switzerland » et de l’aura de sérieux qui entoure les anciens scientifiques du CERN à l’origine du projet, qu’est-ce que ce service vaut réellement dans la vie de tous les jours ? Est-il aussi rapide et polyvalent qu’un NordVPN pour le streaming ?

On ne va pas se mentir, le marché des VPN est saturé de promesses marketing souvent un peu exagérées. Entre ceux qui affirment être les plus rapides du monde et ceux qui jurent ne garder aucun log tout en étant basés dans des juridictions douteuses, il y a de quoi être perdu. Pour cet article, j’ai pris le temps de décortiquer ProtonVPN sous toutes ses coutures. On va parler technique, juridiction, mais aussi ergonomie et prix. Pas de bla-bla inutile, juste du concret pour vous aider à savoir si vous devez, ou non, leur confier vos données.

L’origine de ProtonVPN : du CERN à la vie privée pour tous

L’histoire de ProtonVPN n’est pas celle d’une startup lambda lancée par des experts en marketing. Tout a commencé en 2014, au CERN (l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire). Une équipe de scientifiques, menée par Andy Yen, a d’abord créé Proton Mail pour répondre à un besoin vital de communication sécurisée. ProtonVPN est arrivé quelques années plus tard, en 2017, avec la même philosophie : protéger les libertés civiles sur le web.

C’est un point qui me semble important à souligner. Contrairement à beaucoup de ses concurrents dont les structures de propriété sont parfois opaques ou changeantes, Proton appartient à une fondation à but non lucratif partielle, la Proton Foundation. Ça ne veut pas dire qu’ils ne veulent pas gagner d’argent (ils ont des factures à payer comme tout le monde), mais leur modèle économique repose sur les abonnements de leurs utilisateurs, pas sur la vente de données ou la publicité. Forcément, ça donne un peu plus confiance dès le départ.

La juridiction suisse : un vrai rempart ?

ProtonVPN est basé à Genève, en Suisse. Dans le monde du VPN, c’est un argument de poids. Pourquoi ? Parce que la Suisse ne fait pas partie des alliances de surveillance « 5 Eyes », « 9 Eyes » ou « 14 Eyes ». Les lois suisses sur la protection des données sont parmi les plus strictes au monde.

Si une autorité étrangère veut obtenir des informations sur un utilisateur de ProtonVPN, elle doit passer par une procédure judiciaire complexe devant un tribunal suisse. Et même là, comme Proton applique une politique stricte de non-conservation des journaux (no-logs), il y a de fortes chances pour qu’il n’y ait rien à transmettre de toute façon. C’est un aspect rassurant pour ceux qui craignent une surveillance gouvernementale abusive.

Sécurité et confidentialité : le cœur du réacteur

C’est là que ProtonVPN joue ses meilleures cartes. Pour un utilisateur lambda, tous les VPN se ressemblent un peu. Mais quand on regarde sous le capot, il y a des différences majeures.

Une architecture « Secure Core » unique

L’une des fonctionnalités phares, c’est le Secure Core. Normalement, un VPN fait passer votre trafic par un serveur intermédiaire. Si ce serveur est compromis, votre anonymat peut être menacé. Avec le Secure Core, ProtonVPN fait d’abord passer votre trafic par des serveurs ultra-sécurisés situés en Suisse, en Islande ou en Suède, avant de l’envoyer vers le pays de votre choix.

Ces serveurs sont installés dans des centres de données hautement protégés (souvent d’anciens abris militaires). Cela signifie que même si le serveur de destination finale (disons aux USA ou en France) est surveillé, il est techniquement impossible de remonter jusqu’à votre véritable adresse IP car la connexion précédente provient d’un réseau Proton totalement contrôlé. Franchement, pour la sécurité pure, c’est ce qui se fait de mieux actuellement sur le marché grand public.

Avec le Secure Core, ProtonVPN fait d'abord passer votre trafic par des serveurs ultra-sécurisés situés en Suisse, en Islande ou en Suède, avant de l'envoyer vers le pays de votre choix.

Open Source et audits indépendants

C’est un point que j’apprécie particulièrement. Toutes les applications ProtonVPN sont open source. Ça veut dire que n’importe quel expert en cybersécurité peut aller sur GitHub, lire le code et vérifier qu’il n’y a pas de « backdoor » ou de failles cachées. Peu de concurrents osent une telle transparence même chez les leaders comme NordVPN, CyberGhost ou ExpressVPN.

En plus de ça, Proton fait régulièrement auditer ses logiciels et sa politique de logs par des cabinets indépendants (comme SEC Consult). Ces rapports sont publics. Quand un service vous dit « on ne garde rien », c’est bien. Quand un expert externe le confirme après avoir fouillé dans les serveurs, c’est beaucoup mieux.

Les protocoles utilisés

ProtonVPN ne s’encombre pas de vieux protocoles peu sécurisés comme le PPTP ou le L2TP. Ils se concentrent sur ce qui marche :

  • OpenVPN : Le standard de l’industrie, ultra stable.
  • IKEv2 : Très bon pour les mobiles car il gère bien les changements de réseaux (Wi-Fi vers 4G).
  • WireGuard : Le petit dernier, très léger et extrêmement rapide. C’est celui que je recommande d’utiliser par défaut.

Ils ont aussi développé un protocole maison appelé Stealth. Il est conçu pour contourner la censure dans les pays comme la Chine ou l’Iran en faisant passer le trafic VPN pour du trafic HTTPS classique. Si vous voyagez dans des zones « difficiles », c’est un outil indispensable.

Le protocole Stealth est conçu pour contourner la censure dans les pays comme la Chine ou l'Iran en faisant passer le trafic VPN pour du trafic HTTPS classique

Performances et vitesse : le test de réalité

Avoir le VPN le plus sécurisé du monde ne sert à rien si charger une page Google prend 10 secondes. Pendant longtemps, ProtonVPN a eu une réputation de service un peu lent. Mais ça, c’était avant 😊

Le VPN Accelerator

Proton a mis en place une technologie qu’ils appellent « VPN Accelerator ». Pour faire simple, c’est un ensemble d’optimisations logicielles qui permettent de dépasser les limitations de vitesse habituelles liées au traitement des protocoles VPN. Sur des connexions longue distance (par exemple se connecter au Japon depuis la France), les gains peuvent aller jusqu’à 400 %.

Dans mes tests, sur une fibre à 1 Gbps, j’atteins régulièrement des débits de 600 à 700 Mbps avec WireGuard sur des serveurs proches. C’est largement suffisant pour de la 4K, du téléchargement intensif ou du jeu en ligne. On sent qu’ils ont investi massivement dans leurs infrastructures ces deux dernières années.

VPN Accelerator est un ensemble d'optimisations logicielles qui permettent de dépasser les limitations de vitesse habituelles liées au traitement des protocoles VPN.

Le réseau de serveurs

ProtonVPN dispose de plus de 6 000 serveurs répartis dans plus de 110 pays. Ce n’est pas le plus gros réseau du marché (certains en ont 10 000), mais la qualité est là. Ils possèdent en propre une grande partie de leurs serveurs critiques, ce qui est un gage de sécurité supplémentaire.

Fonctionnalités avancées et usage quotidien

Utiliser ProtonVPN au quotidien est devenu très plaisant. L’interface a été simplifiée, même si elle garde un petit côté « tableau de bord technique » qui plaira aux amateurs d’informatique.

NetShield : le bloqueur de pubs intégré

Le NetShield est leur outil de filtrage DNS. Il permet de bloquer les publicités, les traceurs et les sites malveillants directement au niveau du VPN. L’avantage, c’est que ça économise de la bande passante et que ça protège tous vos appareils, même ceux où vous ne pouvez pas installer d’extension de navigateur (comme sur smartphone). C’est simple et diablement efficace.

Streaming et P2P

Pendant longtemps, Proton était perçu comme un VPN « sérieux » pas vraiment fait pour Netflix. Ce n’est plus vrai. Avec un abonnement Plus, vous pouvez débloquer la plupart des catalogues :

  • Netflix (US, UK, FR, etc.)
  • Disney+
  • Amazon Prime Video
  • Hulu et HBO Max

Pour le P2P (BitTorrent), l’abonnement Plus de ProtonVPN perme de profiter de serveurs dédiés optimisés pour le partage de fichiers. Le débit est constant et il n’y a pas de bridage.

Le Kill Switch et le Split Tunneling

Le Kill Switch est automatique. Si la connexion VPN coupe, votre accès internet est instantanément bloqué pour éviter que votre adresse IP réelle ne « fuite ». C’est un basique, mais il est très bien géré ici.

Le Split Tunneling, lui, vous permet de choisir quelles applications passent par le VPN et lesquelles utilisent votre connexion normale. C’est super pratique si vous voulez sécuriser vos téléchargements tout en gardant une latence minimale sur votre jeu vidéo préféré en parallèle.

Analyse des tarifs et offres de ProtonVPN

ProtonVPN propose une structure tarifaire assez claire, mais attention : les fonctionnalités varient énormément entre l’offre gratuite et l’offre payante.

Tableau comparatif des offres ProtonVPN

CaractéristiqueOffre Free (Gratuit)Offre Plus (Payant)
Nombre de serveursServeurs limités (5 pays)6 000+ serveurs (110+ pays)
Nombre d’appareils1 appareil10 appareils simultanés
Vitesse« Moyenne » (pas de priorité)Jusqu’à 10 Gbps
Secure CoreNonOui
NetShieldNonOui (Bloqueur pubs/malware)
Streaming & P2PNon supporté officiellementOui (Optimisé)
Tor over VPNNonOui
Support clientBasiquePrioritaire

Le cas de l’offre gratuite

C’est probablement le meilleur VPN gratuit du marché. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucune limite de data. Vous pouvez l’utiliser 24h/24 sans jamais être coupé. Par contre, vous ne pouvez pas choisir votre serveur (il vous connecte au plus proche disponible automatiquement) et les vitesses sont bridées en période de forte affluence. C’est parfait pour dépanner ou pour une utilisation basique, mais frustrant pour du streaming ou du P2P

L’abonnement Plus

C’est l’offre qui nous intéresse pour un usage complet. Le prix tourne autour de 3€ / mois si vous vous engagez sur deux ans. C’est un peu plus cher que certains concurrents « low cost », mais la qualité de l’infrastructure et la juridiction suisse justifient selon moi cet écart de prix.

Si vous rechercher en plus un Drive et un système de Mail qui respecte votre vie privée, l’offre Proton Unlimited vous permet de disposer de tous les outils de ProtonVPN pour un prix clairement très intéressant.

Installation et compatibilité : où peut-on l’utiliser ?

ProtonVPN est disponible sur quasiment tout ce qui se connecte à internet :

  • Windows et macOS : Des applications très complètes avec une carte interactive.
  • Linux : Enfin une vraie interface graphique pour les distributions majeures (Ubuntu, Fedora), ce qui est rare dans le milieu.
  • iOS et Android : Des apps bien notées, économes en batterie.
  • Android TV et Fire TV : Une application dédiée pour profiter du streaming sur grand écran.
  • Routeurs : Support pour DD-WRT, AsusWRT, etc.

Le processus d’installation est un jeu d’enfant. On télécharge, on s’identifie, on clique sur « Quick Connect » et c’est fini. Même ma grand-mère pourrait l’utiliser, et c’est un compliment pour une boîte de scientifiques du CERN.

Points forts et points faibles : le bilan

Pour être totalement honnête, aucun service n’est parfait. Voici ce qu’il faut retenir de ProtonVPN après plusieurs semaines de test intensif.

Ce qu’on adore :

  • Confidentialité absolue : La Suisse, l’Open Source et le No-logs audité. Difficile de faire mieux.
  • Le Secure Core : Un vrai plus pour les utilisateurs qui ont besoin d’une sécurité maximale.
  • L’offre gratuite illimitée : Une rareté sur le marché qui mérite d’être saluée.
  • Les performances : Le VPN Accelerator a vraiment changé la donne, c’est devenu très rapide.
  • L’écosystème : L’intégration avec Proton Mail, Drive et Pass est un vrai confort.

Ce qu’on aime moins :

  • Le prix : Un peu plus élevé que la moyenne du marché.
  • Pas de chat en direct 24/7 pour tout le monde : Le support peut parfois être un peu lent à répondre par mail, même si les réponses sont toujours très techniques et précises.
  • Interface parfois dense : Trop d’options pour l’utilisateur qui veut juste un bouton « On/Off » sans rien comprendre.

FAQ : Tout ce qu’il faut savoir sur ProtonVPN

Est-ce que ProtonVPN est vraiment gratuit ?

Oui, il existe une version gratuite illimitée en volume de données. Elle est financée par les utilisateurs payants. Elle est cependant limitée en termes de serveurs et de fonctionnalités (pas de streaming, pas de P2P).

ProtonVPN fonctionne-t-il avec Netflix ?

Oui, mais uniquement avec l’abonnement « Plus ». Les serveurs optimisés permettent de débloquer les catalogues de nombreux pays sans message d’erreur.

Est-ce que ProtonVPN ralentit ma connexion ?

Tous les VPN ralentissent un peu la connexion à cause du chiffrement. Cependant, avec le protocole WireGuard et le VPN Accelerator, la perte est minime (souvent moins de 10-15 % sur des serveurs proches).

Peut-on utiliser ProtonVPN en Chine ?

Oui, grâce au protocole « Stealth » qui masque le trafic VPN. C’est l’un des services les plus efficaces pour passer le « Grand Firewall » chinois.

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